Viticulture raisonnée, bio, biodynamie, sans sulfite…
Le label bio ou AB s’est répandue ces dix dernières années. La viticulture et vinification n’y ont pas échappés ! Entre les valeurs initiales du label, son image et son usage, on ne sait plus trop où en est. Chacun a un peu son avis sur la question, chaque producteur passionné a son approche… j’ai tout entendu et tout le contraire aussi ! Ce qui fait relativement l’unanimité, c’est que toutes les cultures, notamment des vignes, devraient respecter l’environnement, et éviter les produits nocifs pour la santé. Idem pour le processus de vinification. C’est globalement un grand « non » à l’utilisation massive et abusive des insecticides, désherbants, et autres produits chimiques. Ce qui tendrait vers les principes du bio…
Mais pour certain, le bio est trop restrictif. C’est le cas d’un producteur indépendant qui m’a fait découvrir sa cave de Morey-Saint-Denis (Bourgogne). Par exemple, le bio autorise l’usage de bouille bordelaise (voir sa définition sur wikipedia), mais pas ses dérivés contenant certaines molécules chimiques. Pourtant, le rôle de ces molécules est de fixer la bouillie bordelaise aux vignes et à son feuillage, lui permettant de résister à plusieurs semaines de pluie. Sans cette molécule, avec la bouillie bordelaise « bio », le viticulteur peut être amené à pulvériser très régulièrement ses vignes… et même si c’est un produit « naturel », il entraine une pollution des sols, et des nappes phréatiques ! C’est la base de l’agriculture raisonnée : le viticulteur ne va pas respecter les exigences du bio en permanence, mais il en partage la philosophie. Il va trainer au minimum pour assurer la qualité de son raisin. La plupart du temps, il sera en deça des maxima tolérés par le bio. Mais ponctuellement, il va se permettre certains usages proscrit, plutôt que sacrifier sa récolte ou sa qualité de vin. Mais dans ces conditions, il est difficile de mettre en place un label pour que cette démarche soit certifiée sur la bouteille…
Un second aspect fait relativement l’unanimité : le label AB ne devrait pas être un argument marketing ! Et surtout, il n’est pas synonyme de qualité du vin. Dans les faits, le label AB fait vendre à une certaine clientèle. De la simple présence du label, le prix peut s’en trouver impacter, et la qualité du vin négligée…
Pour d’autres producteurs que j’ai rencontré au long de l’année 2013, le bio ne va au contraire pas assez loin. Il autorise l’usage de souffre dans le processus de vinification, à un niveau relativement élevé. Le label ne met non plus en place la gestion de la biodiversité des espèces animales et végétales sur les parcelles de vigne… d’où le courant de l’agriculture biodynamique, et de certains vins sans sulfites. Quitte à être exigent, autant l’être jusqu’au bout !